Mathilde etait assise sur la terrasse d’un café dans Paris, rue Caulaincourt à environ quatre heures de l’après-midi quand elle aperçut le serveur qui lui souriait en s’approchant d’elle. Elle commanda un café, alluma une cigarette et commença à songer à la vie qu’elle aurait rêvé d’avoir. Jeune, et avant le mariage, elle s’imaginait main dans la main avec un homme sur lequel les femmes se retourneraient, elle s’imaginait des nuits torrides où blottis l’un contre l’autre, le monde s’arrêterait de tourner autour d’eux. Elle aurait aimé pouvoir se réveiller le matin, le petit déjeuner au lit, et rentrer le soir, la table mise et prendre ses enfants dans ses bras, ces bambins qu’elle aurait tant aimé avoir… Elle avait rêvé d’une vie opposée à celle qu’elle vivait aujourd’hui.
La fortune de François son mari ne lui avait pas donné l’élégance que les femmes apprécient. Malgré les années Mathilde était restée belle et leur couple faisait retourner les hommes qui regardaient avec envie Mathilde, parce qu’elle méritait tellement mieux. Elle s’était mariée dans l’espoir que l’argent ferait son bonheur.
Le serveur lui inspirait confiance, et elle aurait aimé se confier à lui. Mais après tout, a quoi cette confession servirait-elle ? A rien, elle le savait bien. Elle restait donc, dans ce rêve qui l’aidait un peu à oublier le cauchemar que sa vie était devenue, petit à petit, au fil des années. Même si son caractère rêveur était difficile à vivre, elle ne deviendrait pour rien au monde terre à terre.
Elle savait que si son mari, François, l’avait regardée ne serait-ce qu’une seule fois dans les yeux en lui demandant pourquoi son regard n’était jamais rempli de cette petite flamme de vie, pourquoi elle avait ce sourire automatique et figé sur son visage, mêlé d’hypocrisie; cela aurait peut-être pu engendrer une conversation qui aurait arrangé les choses. Elle se doutait que s’il lui avait demandé, ne serait-ce qu’une fois, si elle voulait aller en week-end, ou même au