Nous sommes aujourd’hui entrés dans une nouvelle ère, celle de la « surabondance événementielle » comme l'a nommé Marc Augé, où les images prolifèrent dans une société du « tout visible ». Le cinéma n'est plus le premier médium d'image, rattrapé tout d'abord par la télévision dans les années 60, puis complètement dépassé par l'arrivée d'internet, monopolisant nos écrans d'ordinateurs comme de téléphones devenus smartphones, un outil obsédé par l' « imagéité », entre l'internet illimité et les applications qu'il propose (Instagram1 par exemple). Ainsi, cette nouvelle société toujours plus consommatrice d'images, est bombardée2 par celles-ci ; l'image instantanée devient obsessionnelle, seul le présent compte et l’immédiateté dirige le monde. Ainsi, on peut se demander comment le cinéma, à qui on a volé son privilège de médium, réagi face à cette nouvelle ère et réussi à sortir de ce cercle de l'image consommée puis oubliée qui n'a que valeur de « présentisme » absolu. Le septième art tenterait donc de mettre en place des stratégies pour, d'une part, dépasser ce nouveau mode d'exploitation des images afin d'entretenir une temporalité qui ne se réduit pas au présent omnipotent, mais aussi ne pas la réduire au simple statut d'image, tendre vers « quelque chose d'humain » à l’intérieur de celle-ci 3, et d'autre part dénoncer et critiquer cette société contrôlée par une image souveraine, où l'intersubjectivité n'est pas possible. C'est dans cette ère du « cinéma quelconque »4, que certains cinéastes montrent dans leurs œuvres de fiction la volonté de mettre en lumière d'autres régimes d'image. Hideo Nakata est l'un de ces réalisateurs. D'origine japonaise, Hideo Nakata est reconnu à l'international grâce à son film, très plébiscité par la critique, Ring (1998). C'est à travers l'un de ces films que nous allons essayer de nourrir la réflexion soutenue précédemment. Le choix de ce film n'est pas anodin puisqu'il traite de l'un des nouveaux médiums d'images les