Religion et relations internationales
LE RELIGIEUX SUR LA SCENE INTERNATIONALE AUJOURD’HUI
« Proclamez le djihad ! Les intérêts américains et croisés sont partout et leurs agents se déplacent partout. Attaquez-les et éliminez autant d'ennemis que vous pouvez », lançait Saïd al-Chehri, le numéro 2 d’Al Qaida dans la Péninsule Arabique, à ses partisans le 8 février 2010 . L’impression depuis les attentats du 11-Septembre que le monde est plongé dans une guerre mondiale entre l’Islam et l’Occident chrétien a contribué à réévaluer le rôle du facteur religieux dans les relations internationales. Cela semble infirmer les théories du « désenchantement du monde », selon l’expression de Max Weber reprise par Marcel Gauchet.
Emile Durkheim définit la religion comme « un système solidaire de croyances et de pratiques relatives à des choses sacrées, c'est-à-dire séparées, interdites » . Religions monothéistes, polythéistes, réformées, sectes, il est pertinent pour l’étude du rôle de la religion dans les relations internationales d’en considérer l’acception au sens large, exprimée par Danièle Hervieu-Léger comme une « modalité particulière du croire qui a en propre d’en appeler à l’autorité légitimatrice d’une tradition » .
Les trois textes au cœur de notre étude tentent d’analyser le fait religieux dans le monde aujourd’hui, pour en voir les conséquences sur la scène internationale. Dans Le désenchantement du monde, Marcel Gauchet affirme que le monde est aujourd’hui libéré du rôle social et politique structurant qu’avait autrefois la religion. A l’inverse, Peter Berger affirme dans Le réenchantement du monde qu’un réveil du religieux est à l’œuvre dans le monde, ce qui a un impact considérable dans les relations internationales. Walter Russell Mead confirme cette théorie en démontrant que l’influence politique grandissante des mouvements évangéliques oriente la politique étrangère des Etats-Unis.
Etudier l’impact du facteur religieux dans les relations internationales implique d’examiner