Si le rire peut être une arme offensive et d’une redoutable efficacité lorsqu’on veut bousculer valeurs et pouvoirs établis, il constitue aussi une arme de défense.

Parce que le rire aide à l’affirmation de soi et contribue à unir ceux qui rient, le rire de résistance surgit logiquement face à une situation qui fragilise notre identité individuelle ou collective.

En quoi le rire est-il capable de nous protéger individuellement ? Comment le rire permet-il de résister face à un système oppressif, dont la force d’écrasement s’exerce toujours de façon collective ?

I Rire contre le tragique de notre condition

La condition humaine est liée au tragique puisqu’elle est associée à la mort, la maladie ou la vieillesse …

Que vient faire le rire dans ces circonstances où il apparaît particulièrement incongru ? Freud nous offre une clé de compréhension lorsqu’il évoque le rire de défense. Le rire surgit comme une force déstabilisatrice capable de faire éclater le cadre d’une situation que l’on ne supporte plus tant elle nous blesse. On peut ainsi éclater de rire lorsque l’on se sent particulièrement mal à l’aise ou angoissé. Cela s’appelle le fou rire.

Beaumarchais dans le Barbier de Séville (1775) présente dans les premières scènes de cette comédie, Figaro qui retrouve son ancien maître, le comte Almaviva. Il lui raconte avec humour la somme des tracas et des épreuves dont son parcours a été jalonné. Impressionné par la capacité de Figaro à exercer la dérision à ses propres dépens et à rire de ses propres malheurs, le comte y voit une véritable philosophie de vie résumée dans cette maxime « Je me presse de rire de tout, de peur d’être obligé d’en pleurer ».

Le rire peut apparaître comme une véritable thérapie à l’image de certaines associations comme « le rire médécin » qui propose un réconfort auprès des enfants hospitalisés. Des bénévoles vêtus comme des clowns et portant un nez rouge se proposent d’accompagner les enfants dans ce moment difficile.