Risques industriels
APPREHENSION ET PREVENTION DES RISQUES INDUSTRIELS
Pierre PICARD, Sophie CHEMARIN
THEMA, Université de Paris X – Nanterre et CEPREMAP
Novembre 2004
INTRODUCTION GENERALE
Si la fin des années 70 a été marquée par des événements catastrophiques divers (accident chimique à Seveso en 1976, marée noire causée par l'Amoco-Cadiz en 1978, accident nucléaire de Three Miles Island en 1979) qui auraient du inciter les agents à un réexamen des raisonnements organisationnels et en particulier de la nature même du risque, aucune réelle réflexion ne fut alors entamée sur les nouveaux risques industriels, sans doute du fait du faible nombre de pertes humaines subies. Dans les années 80, les milliers de victimes dues à l'explosion d'un grand stockage de gaz en banlieue de Mexico, au désastre de Bhopal ou encore à l'explosion de la centrale nucléaire de Tchernobyl, ont permis de transformer le message d'alerte en alarme mais ont été surtout encore une fois l'illustration du désengagement des autorités publiques comme des industriels dans la gestion de ces situations catastrophiques (Lagadec (2002)). Une vingtaine d'années plus tard, l'explosion de l'usine chimique AZF à Toulouse, en septembre 2001, soulève à nouveau des interrogations, non seulement sur l'adéquation des règlementations existantes en matière de sécurité industrielle, mais également sur leur application. Si le risque industriel n'est certes pas un risque nouveau, son appréhension et sa prévention restent aujourd'hui encore un réel défi pour les sociétés modernes, qui semblent désemparées et n'ont pas été capables, au cours des années récentes, de développer les bons outils de gestion des risques illustrés par ces événements dramatiques. L'explosion de l'usine toulousaine est un message d'alerte, d'un danger réel qui peut se réaliser encore aujourd'hui dans les pays les plus développés. Face à un tel constat, il convient de poser la