Ronsard, odes (1550), « quand je suis 20 ou 30 mois… »
Figure capitale de la pléiade, Ronsard a laissé une œuvre poétique importante dédiée à des femmes qu’il a aimées : Cassandre Salviati, Marie Dupin, Hélène de Surgères. Dans bon nombre de ces poèmes, il entremêle les douceurs de l’amour et le choc du temps destructeur et de la mort. Le texte retenu fait parti des 4 premiers livres des Odes publiés en 1550. Lors de l’absence prolongée de Ronsard loin de son pays natal, il est en proie à la tristesse, qu’il exprime ici avec originalité. C’est l’occasion de méditer sur le destin de l’homme, voué à l’inéluctable mort par opposition à l’éternité de la nature. Mais la supériorité de la nature est relative et le poète préfère finalement sa condition humaine qui a le privilège d’aimer. L’ultime sizain d’inspiration horatienne est une invitation au Carpe Diem.
En quoi ce poème est-il une méditation originale sur le temps ?
I- L’art de la mise en scène
a) Le rôle du poète malheureux
* Dès le 1er vers : mise en scène du poète (poésie personnelle) exprimant les raisons de sa mélancolie (loin du domaine paternel). * Exprime son regret des années passées « remords ». * Plongé dans une rêverie mélancolique « plein de pensées… ». * Tristesse qui le submerge, traduite par des effets d’insistance (v.3-4) : parallélisme de construction, anaphore, hyperbole. * Situation habituelle d’où le présent d’habitude. * Ton de la plainte dans la 1ère strophe : élégiaque « je me plains » -> fonction expressive du langage.
b) Les destinataires du poète
* Sa plainte est adressée aux éléments de la nature, des destinataires fictifs. * Cette confidence a été annoncée dans la 1ère strophe, puis repris 1 à 1 dans les strophes suivantes. * Ces strophes commencent par une apostrophe inaugurale, suivie du pronom personnel « vous » qui solennise le discours. * Il s’adresse à Cassandre, une destinataire réelle dans la dernière