Ronsard : épitre au cardinal de Lorraine
Notre passage constitue la toute fin de l’épitre, jusqu’ici Ronsard s’adresse directement au cardinal pour faire son éloge explicite ne demandant qu’une maigre reconnaissance au cardinal à savoir un rire ou une accolade (489-v490). Ronsard promet un prolongement de la célébration à travers la Franciade à venir. On arrive à notre extrait où Ronsard revient sur son entreprise de célébration en posant la question » Et que servent les vers tant soient ils bien écrits, si de quelque grand prince ils ne sont favoris ? » Ce qui s’enclenche alors c’est un regard méta-discursif sur l’entreprise poétique de célébration qu’entreprend Ronsard.
Ce qui doit être le salut final de cette hymne, une promesse d’avenir, s’affirme en fait comme un retour à la source, c’est-à-dire une interrogation sur la fonction même du poète. On arrive à la fin du second recueil et donc Ronsard nous éclaire en partie sur le Pourquoi et le comment de ses hymnes. On a donc une sorte de regard rétrospectif sur l’œuvre visant à représenter la figure du poète qui régit ses hymnes. Donc tout d’abord, c’est l’entreprise de célébration en elle-même qui est donnée à voir, à travers la démonstration d’une rhétorique de l’éloge. Le poète c’est celui qui loue. Cependant cette démonstration lyrique est rendue possible parce que l’on est en présence d’un poète enthousiaste. Le poète c’est celui qui est possédé. Dès lors le poète devient une forme d’intermédiaire entre les hommes et les Dieux, détenant le pouvoir d’éternité au travers d’une poésie sacrée. Se dessine donc la figure du poète comme prophète,