Les livres sur la responsabilité sociale des entreprises (RSE) se partagent généralement en deux catégories. Il y a ceux qui sont "pour" et développent une vision idyllique: grâce à la RSE, le monde du business et de la finance serait en train de devenir beau et gentil. Ce serait en effet l'intérêt bien compris des entreprises, de leurs dirigeants et de leurs actionnaires de mieux respecter l'environnement, les clients, les salariés…, car ce serait un moyen infaillible de faire encore de meilleures affaires. Et puis il y a ceux qui sont "contre". Ils dénoncent, avec bien souvent de solides arguments, le greenwashing, la propagande mensongère des firmes multinationales. Celles-ci chercheraient avec la RSE à détourner les travailleurs et les citoyens des "vrais" combats: ceux qui mèneront, enfin, au monde idéal où nous serons définitivement débarrassés de l'économie de marché et de toutes les entreprises.
Rares sont les ouvrages qui présentent une vision équilibrée de la responsabilité sociale des entreprises. Les livres de Michel Capron et Françoise Quairel-Lanoizelée, d'une part, et de Michèle Descolonges et Bernard Saincy, d'autre part, sont de ceux-là. Tout en étant très différents dans leurs approches. Leurs auteurs allient en effet une connaissance approfondie de la RSE, avec une distance critique qui leur permet de résister aux tentations messianiques.
L'ouvrage de Michel Capron et Françoise Quairel, tous deux universitaires en sciences de gestion, donne à la fois un éclairage approfondi sur la RSE au regard de la théorie des firmes et une description de l'état actuel des pratiques: reporting, codes de conduite, investissement socialement responsable, etc. On y trouvera de nombreux exemples et beaucoup d'informations précises présentées sous une forme très pédagogique. Sans jamais perdre de vue les limites de ces exercices: "on ne pourra pas faire l'économie d'une régulation nationale ou internationale plus contraignante" en la matière, concluent-ils