La nouvelle étudiée ici, Les ruines circulaires, est tirée du recueil Fictions, écrit par Jorge Luis Borges. Elle appartient plus précisément à la sous partie « Le jardin aux sentiers qui bifurquent » datant de 1941. Le titre de l'œuvre donne directement la tonalité du recueil, à savoir que l'on se trouve dans des mondes imaginaires, hors de la réalité. Jean Yves Pouilloux va même jusqu'à dire que ces contes se présentent comme des maximes. En effet, ce sont des histoires merveilleuses évoquant un monde différent où les règles de la société n'ont pas leur place. Elles illustrent une pensée ou une maxime à la façon d'une parabole.
« Les ruines circulaires » raconte l'histoire d'un magicien qui décide de rêver d'un autre homme et de l'imposer à la réalité. L'homme rêvé a le même dessein. Le magicien sait que ces représentations ne sont qu'illusion car elles sont invulnérables au feu. A la fin du conte, les ruines dans lesquelles il s'était rendu prennent feu. C'est à ce moment précis qu'il se rend compte qu'il ne brule pas lui même. Par la, il en déduit qu'il est lui même une image rêvée par un autre homme.
[schéma] C'est donc une chaine sans fin.
Nous allons donc étudier ici en quoi la création de ses différents rêves peut s'apparenter à une utopie. Il faut comprendre l'utopie dans son sens figuré, non pas comme une société idéale, mais plutôt comme un projet imaginaire, qui ne semble pas réalisable.
Nous allons voir en premier lieu, la construction de cette utopie par une destruction du réel, ensuite nous étudierons la manière dont le rêve se met en place pour enfin finir sur l'impossible réalisation du projet onirique.

Cette première partie est donc consacrée à la destruction du réel. En effet, Borges nous livre à une nouvelle dont le décor est très minimaliste, il y a également peu de repères temporels. Ces éléments entraînent une confusion chez le lecteur.
Dès le départ, Borges place le magicien dans des ruines. Par définition celles-ci sont le reste de