Art-thérapie : à la pêche au réel
Pierre a écrit :
Une séance d’art-thérapie ?
Peut être pour moi comme une partie de pêche.
Détendu, je suis devant ma feuille blanche, mon étang.
Je prends mon « pinceau-canne à pêche » et je laisse l’imaginaire construire mes captures.
Ça mord vite.
D’abord quelques traits, des formes, qui s’agencent, plus ou moins bien, jusqu’à révéler quelque chose d’abouti, de conscient.
Cette prise prend les allures d’un souvenir parfois.
Toujours, s’en dégage le plaisir de créer, d’exprimer de la mémoire, de poser sur la feuille blanche un instantané de mon désir.
Ma pêche prend fin lorsqu’un autre désir me gagne, celui d’étudier ma prise avec le
« garde-pêche », l’art-thérapeute.
Je n’ai plus qu’à considérer ma capture, cette sortie d’eaux profondes
Temps oubliés qui remontent à la surface.
On s’assoit, je regarde, je décris simplement ma « pêche du jour », comment elle est venue là, par quel hasard, et très souvent ce hasard n’en est pas un…
Ma description m’amène à formuler certains mots qui, par leur évocation appuyée, peuvent soulager certains de mes maux, atténuer des tourments ou, du moins me proposer une voie possible vers une solution d’apaisement.
Le bien être, une détente, c’est aussi un des atouts recherché d’une bonne partie de pêche à la ligne. Franck lui répond :
Pierre a trouvé dans « la pêche à la ligne » une métaphore de son geste pictural ouvrant la séance. Il veut se saisir de quelque chose de son histoire, peut-être, comprendre comment il fonctionne… c’est bien la moindre des choses que je m’y intéresse aussi…mais de quelle façon ?
Imaginons que je l’accompagne dans sa métaphore, quelle y sera ma tâche ? Appâter ? (Entendons-le par suggérer.)
Hors de question, le poisson qui répond à ce type de subterfuge ne fera pas notre repas.
Celui que l’on cherche nage profond, vite, a toujours une longueur d’avance, et lorsqu’il jaillit il n’est pas sûr