Révolte
Tout d'abord, de quelle manière la rébellion fait-elle appel à la conscience individuelle ? Les auteurs sont unanimes, c'est avant tout un choix. Celui-ci, pour Sartre, est propre à chacun. C'est en accord avec soi-même que l'on décide de ne pas succomber à la torture. Camus démontre que l'homme accepte certains sacrifices mais il y a des efforts qu'on lui impose qu'il ne peut pas supporter. Il se révolte en étant persuadé que c'est pour la bonne cause et que cela en vaut la "chandelle". Au contraire, Foucault constate qu'il n'y a pas d'explication à ce phénomène. 107m
Mais qu'est-ce qui incite les hommes à se révolter collectivement ? Pour Sartre, les Hommes défendent leurs compagnons de résistance par solidarité. Ils se retrouvent tous confrontés aux mêmes dangers et problèmes et encours les mêmes risques créant une démocratie. Une résponsabilité sociale se développe. Camus précise qu'ils défendent une valeur commune. Foucault évoque plutôt la rébellion comme une remise en cause des pouvoirs. 66m
Cependant, même si l'action est collective n'implique-t-elle pas tout de même un sentiment de solitude ? Sartre affirme que chaque citoyen se doit à tous mais ne peut compter que sur lui-même. Dans ce délaissement total, l'homme réalise l'importance de son geste pour l'histoire. Foucault suggère plutôt que la révolte échappe à l'histoire mais lui appartient : la rébellion se fait seul ou en groupe. Selon Camus, le révolté se sacrifie au profit d'un bien dont il profitera mais aussi la communauté. En groupe, la souffrance perd sa valeur individuelle et se conçoit comme un partage collectif. 102m
Ici sont donc réunies trois critiques des problèmes sociaux. Celles de Sartre et Foucault adoptent une perspective historique neutre, quant au texte de Camus, on perçoit une tendance plus moraliste.