Saul karsz " pourquoi le travail social ?"
Saül KARSZ
Paris, Dunod
2004, 161 p.
A priori, la question qui structure l’essai de Saül Karsz peut sembler presque trop simple : « pourquoi le travail social ? ». Elle porte cependant l’idée d’une exploration et d’une explicitation des finalités de l’intervention sociale, de ses buts et de ses objectifs qui deviennent alors, au-delà d’une évaluation instrumentale des résultats, le critère ultime pour juger de la pertinence d’une action donnée. Il s’agit également d’une question qui conduit à l’examen de pratiques symboliques de légitimation des actions posées ou d’explication des situations sociales ; en un mot, au domaine de l’idéologie. Une question à laquelle tous répondent dans leur pratique quotidienne, car, comme le souligne Karsz dans un autre contexte, tous sont porteurs d’idées et de positions. «Chacun porte une conception plus ou moins articulée du travail social, de sa puissance, de ses limites, de ses buts1. »
Fina lement, une interrogation inévitable parce que le refus de répondre constitue en soi une réponse lourde de sens.
Le champ du travail social, explique l’auteur en introduction de son ouvrage, n’est exempt ni de tautologies, ni de tensions ou de contradictions. Pourquoi, par exemple, s’agirait-il d’un travail plus social que d’autres alors que, par sa nature même, tout travail porte son inscription dans un large ensemble de rapports sociétaux ? Comment faire sens de la complainte d’intervenants sociaux au sujet de l’imprécision des missions et mandats qui leur sont confiés et d’une pratique simultanée de résistance à toute tentative extérieure de clarification ou d’explicitation des demandes et attentes ? Comment réconcilier un discours voulant que les travailleurs sociaux n’en fassent pas assez avec un autre qui, au contraire, affirme qu’ils en font trop ? Ces multiples paradoxes, loin de constituer une limite et un frein à l’existence même du travail social, deviennent plutôt un