shopenhauer
Si loin qu’il pousse ses recherches, l’esprit curieux de savoir se trouve, devant l’infini diversité des êtres ou des phénomènes qu’il étudie, dans un état d’ignorance. Seule la science, de par sa méthode de classification du réel et de subsomption des concepts (ex : individu, espèce, genre), lui permet de se frayer une voie jusqu’au savoir, c’est-à-dire jusqu’à une connaissance qui vaut universellement « sans exiger un examen spécial de chaque chose considérée en soi ». Ainsi, reprenant un exemple de Schopenhauer lui-même, c’est parce que je connais les caractères communs à tous les mammifères que je peux les affirmer tous de la chauve-souris inconnue que je viens de saisir, avant même tout dissection. « La science promet ainsi le repos à l’esprit investigateur ».
Or, si pour Schopenhauer l’histoire est une connaissance et non pas une science, c’est précisément parce qu’elle n’en a pas le caractère fondamental, à savoir, la systématicité. A l’inverse de toute autre science, il n’y a pas de système en histoire. Conformément à son étymologie, l’histoire, ‛ιστορία, n’est qu’une recherche, une enquête dont la matière est le fait particulier dans sa particularité et sa contingence. Ce qui l’intéresse « ce sont les combinaisons passagères d’un monde humain aussi mobile que les nuages au vent, et qu’en mainte occasion le moindre hasard suffit à bouleverser et à transformer ». Ainsi, elle ne nous offre que la simple coordination des faits et non leur subordination à un « système de concepts ». C’est pourquoi, il lui est impossible de connaître le particulier au moyen de l’universel, et ne peut que saisir immédiatement le fait individuel. Pour ainsi dire, « elle est condamnée à ramper sur le terrain de l’expérience ». « Les sciences, systèmes de concepts, ne parlent jamais que de genres ; l’histoire ne traite que des individus. Elle serait donc une science des individus, ce qui implique contradiction ».
A cela on peut objecter qu’il y a aussi dans