Suis-je ce que le temps a fait de moi ?
3346 mots
14 pages
Pour comprendre cette question il faut d’abord expliquer ce qu’est le moi. Il existe deux sortes de moi : celui ontologique, c’est-à-dire, un être immuable et non passager auquel chaque sujet rapporterait ses états, ses actes mais qui existerait indépendamment de ces-derniers, c’est ce que Descartes appelle la « chose pensante » ; et celui psychologique, soit, une conscience complexe, mouvante que j’ai de moi dans mes pensées ou dans mes actes. Le moi désigne l’objet auquel pense le sujet qui se pense lui-même, l’objet du « je » qui se pense. Nous possédons une expérience constante du temps à travers celle du changement de nos états de conscience et ceux du monde extérieur. Mais ce temps est rempli par les phénomènes et ne nous présente donc que des phénomènes temporels et non le temps pur lui-même. Cela s’explique par le fait que d’une part, en tant que milieu indéfini et vide, le temps est immatériel. Il ne se circonscrit pas car il nous apparaît nécessairement comme infini, universel et englobant. De plus, il est souvent traduit en termes d’espaces, notamment pour sa mesure, de sorte que sa nature propre a tendance à nous échapper. D’autre part, les parties du temps (le présent, le passé et le futur) sont en mouvement et semblent passer perpétuellement de l’existence à la non-existence. Enfin, il est appréhendé tantôt par l’expérience vécue, tantôt par l’intelligence, nous présentant alors simultanément des réalités différentes et paradoxales. Le temps est une dimension universelle, nécessaire et mesurable de la succession irréversible de phénomènes. Dès lors, ne sommes-nous rien d’autre, ni rien de plus que ce que le temps nous a fait devenir ? A première vue, la formulation du sujet présuppose qu’il est incontestable que ce que nous sommes, nous le sommes devenus à la suite de ce que nous avons vécu. Nous avons une identité qui nous est propre et qui, nous distinguant des autres, révèle notre originalité et notre particularité. Cette identité