Surveillance du troupeau
CHAPITRE PREMIER
Nature de cette surveillance.
Après vous avoir montré ce que c’est que prendre garde à vous-mêmes, je vais vous exposer ce que c’est que prendre garde à tout le troupeau. Il était nécessaire de vous faire voir d’abord ce que nous devons être et ce que nous devons faire pour notre âme, avant de considérer quels sont nos devoirs à l’égard des autres : « En guérissant les blessures des autres pour leur salut, ne négligeons pas le nôtre ; en aidant les autres, ne nous abandonnons pas nous-mêmes ; en les relevant, prenons garde de tomber {4} ». Oui, tous nos travaux peuvent être perdus, si notre cœur et notre vie ne les soutiennent pas. « Il y a des hommes qui étudient soigneusement les préceptes spirituels, mais qui détruisent par leur manière de vivre tout le fruit de leurs enseignements ; ils s’instruisent par la méditation mais non par la pratique ; ils prêchent la vérité, mais ils la combattent par leurs actions ; d’où il résulte que le pasteur et le troupeau se précipitent ensemble dans l’abîme {5}. » Nous menons nos brebis aux sources d’eaux vives, mais si nous souillons ces sources par l’impureté de notre conduite, notre troupeau ne peut plus s’y désaltérer.
Avant d’exposer l’œuvre que nous avons à faire, déterminons d’abord le sens des paroles de ce passage.
1° Ce texte implique que chaque troupeau doit avoir son pasteur, et chaque pasteur son troupeau. Comme dans un régiment chaque compagnie doit avoir son capitaine et ses officiers, comme chaque soldat doit connaître son chef et son drapeau, de même Dieu veut que chaque église ait son pasteur, et que tous les disciples de Christ connaissent ceux qui sont chargés de les instruire selon le Seigneur. Quoiqu’un ministre soit un des chefs de l’Église universelle, cependant il est le surveillant spécial de l’Église particulière confiée à sa charge. Quand nous sommes consacrés au saint ministère, mais sans emploi particulier, nous devons