Tartuffe les reactions
Le lendemain ou le surlendemain du 12 mai 1664, date à laquelle Le Tartuffe originel est présenté lors de la fête des "Plaisirs de l'Ile enchantée", Louis XIV se résigna, à la demande de l'archevêque de Paris, son ancien précepteur, à défendre à Molière de représenter sa comédie en public (ce qui ne l'empêcha pas de la revoir, en privé avec une partie de la Cour, chez Monsieur2, à Villers-Cotterêts, au mois de septembre). On connaît seulement la version considérablement remaniée pour la rendre acceptable, qu'il publiera cinq ans plus tard en 1669, aussitôt après avoir obtenu permission de la jouer.
On conçoit que cette satire de la dévotion ait plu au roi, excédé par les admonestations des dévots à l'égard de sa conduite et, en particulier de ses amours (adultères.3. Même si l’on sait aujourd’hui que l’influence de la Compagnie du Saint-Sacrement dont les membres se recrutaient dans l’aristocratie (Conti), la bourgeoisie parlementaire (Lamoignon) et le haut clergé (Bossuet), a été considérablement exagérée par les historiens anticléricaux de la fin du XIXe et du début du XXe siècles, il n’en reste pas moins que les dévots étaient toujours présents à la Cour où ils critiquaient le libertinage des mœurs, le luxe, les fêtes, la politique de prestige et même la politique extérieure du royaume.
On comprend donc en même temps que cette satire de la dévotion ait scandalisés ces milieux dévots, et que Louis XIV, qui venait de confier à l’archevêque de Paris, un de leurs principaux représentants, le soin de mener une guerre totale contre «la secte janséniste», se soit laissé convaincre par lui qu’il devait apparaître comme le défenseur de la Religion et de l’Église face à l’hérésie et donc renoncer à autoriser Molière à monter Tartuffe. Molière ne se laissa pas démonter : quelques semaines plus tard, il sut retourner à son avantage la violente attaque d’un dévot extrémiste, le curé Roullé qui l’avait traité, dans un de ses ouvrages intitulé Le Roi