TEXTE 258
La Cousine Bette est d'abord l'histoire d'une vengeance, celle que Lisbeth Fischer – la cousine Bette – fomente contre les Hulot, et plus particulièrement contre Adeline Hulot, sa trop belle cousine, qui incarne à ses yeux la réussite sociale et conjugale dont elle se sent lésée. D'abord résignée à son statut de parente pauvre – dont elle tire de petits bénéfices – la vieille fille laisse libre cours à son désir de vengeance quand elle apprend que Wenceslas Steinbock, le jeune artiste polonais qu'elle a recueilli et qu'elle aime jalousement, va épouser la belle Hortense Hulot, fille d'Adeline. C'est la haine secrète de la cousine pauvre contre la branche naguère glorieuse des Hulot qui constitue le moteur de ce drame de la vie privée. Suscitée par les manoeuvres de Bette, la déchéance d'Hector Hulot, baron d'Empire, chef de la maison Hulot et époux d'Adeline, occupe une large place dans le roman. Père débauché et amant trop prodigue, il ruine sa famille au profit de sa jeune maîtresse, Valérie Marneffe, fausse « femme comme il faut » et complice de la cousine Bette. Emporté par son irrépressible passion et sa concupiscence de vieillard, il perd sa position sociale, son autorité familiale, sa dignité de père.
II. HISTOIRE(S) DU TEXTE
Dans un premier temps Balzac semble vouloir se consacrer d'abord au Cousin Pons, « Je suis très content du Vieux musicien. J'ai tout à inventer pour La Cousine Bette » (LHB II, 219 ; 20 juin 1846), une brève nouvelle de deux à trois feuilles (environ 40 pages), mais dans le courant d'août 1846 il se lance plutôt dans La Cousine Bette, et début octobre c'est l'enthousiasme : « La veine est ouverte ; la copie coule à flots » (LHB II, 371 ; 7 oct. 1846). Si bien que le premier feuilleton paraît dans Le Constitutionnel le 8 octobre, tandis que Balzac part à Saint-Pétersbourg pour assister au mariage de la fille d'Eve Hanska. Il revient le 17 et la course frénétique à l'écriture reprend. Balzac rédige 20 chapitres de son roman