Texte
L’autre tremble parfois. Et elle a l’impression de mourir. Encore. De son nez du sang coule, tombe sur la robe. Le temps s’arrête. Une vieille mélodie, démodée. Le sang coule encore et encore elle ne contrôle rien. La mélodie l’enserre, comme des bras de solitude dans son cœur. L’autre pleure aussi, elle la comprend, elle la hait. Sans l’autre elle serait libre. Volante, fuyante, sur une page qui joue dans le vent, un enfant qu’on entend rire, de loin. Mais elle est là.
Alors elle veut se lever, s’approcher de la fenêtre. Il n’y a plus de lumière, elle ne connaît plus la lumière. Le noir est en elle. Les pas sont lents, fragiles. Elle tombe. Se relève. Elle n’a plus mal. La blessure n’est pas dans son âme. Elle s’approche et touche le carreau sale. Il est froid. Il est chaud. Elle ne sait plus, ne veut plus savoir. Elle se projette vers cet ailleurs. De toute la force de son être abimé. Et elle voit. Une larme, une autre. Elle se détourne, repart. Le monde est-il plus laid qu’autrefois? Elle ne peut pas y croire. L’autre pleure aussi. Elle la sent. Dans le noir, seule. Comme elle. Deux amis de tristesses réunies un instants qui pourtant voudraient ne pas se connaître. La mélodie s’arrête, le temps lui continue. Comme sa mort. Toujours.
Doucement, elle s’assoit. La chaise la blesse, une fois de plus. Sa robe n’est plus tout à fait blanche. Son cœur n’est plus tout à fait rouge. Il ne bat même plus…
Il y a une porte. Noire aussi. Elle est fermée, elle ne