Texte
Au XXe siècle, André Gide rappelle combien les règles imposées aux écrivains classiques constituent le « cadre » propice à la maturation d'œuvres harmonieuses, dans lesquelles forme et contenu se fondent en une parfaite unité.
Les grands auteurs de l'époque, tels Corneille, Racine, Molière, La Fontaine, s'inspirent des Grecs, Euripide, Aristophane, Théophraste, Ésope et des Latins, Plaute, Térence, Virgile, Horace et Sénèque. La Bruyère s'inquiète, à la première page des Caractères, que tout soit dit : « En ce qui concerne les mœurs, le plus beau et le meilleur est enlevé ; l'on ne fait que glaner après les Anciens et les habiles d'entre les modernes ». Cependant cette imitation considérée comme une loi fondamentale de l'esthétique classique ne doit pas être confondue avec le plagiat. Les « disciples » conservent dans leurs œuvres cette part caractéristique de leur époque qui leur permet de faire autre chose que du « Plaute ». de l'« Ésope » ou de l'« Euripide », tout en gardant à ces derniers leur admiration. Dans ce sens, La Fontaine affirme dans son « Épître à Huet » :
« Mon imitation n'est point un esclavage [...]
Je ne prends que le sens et le tour et l'idée
Tâchant de rendre mien cet air d'antiquité ».
Le culte des Anciens se double du souci d'instruire et de plaire. Pour accéder à cet idéal, il faut remplir certaines conditions que les théoriciens définissent. L'art s'apprend et se maîtrise et une œuvre accomplie est l'aboutissement d'un long travail. C'est à ce prix que les Classiques créent la beauté. La Fontaine reconnaît dans la « Préface » de Psyché : « Mon principal but est toujours de plaire ». Cet objectif est atteint quand l'écrivain se plie aux règles des différents genres littéraires, qu'il apprend à en dominer les contraintes et, à travers elles, à conquérir l'art de communiquer clairement ses idées. L'Art poétique de Boileau (1674) inspiré de la Poétique d'Aristote rend compte de cette perfection qui permet