Thèmes : sport ; violence ; autocontrôle ; incorporation ; émotions
Contre une conception universalisante qui reconnaîtrait l'existence de "sports" dans toutes les sociétés et à toutes les époques, Elias et Dunning font le constat d'une discontinuité qui définit le sport à partir des caractéristiques qui le distinguent d'autres formes de loisir antérieures ou concurrentes : abaissement du degré de violence autorisée dans la mise en jeu des corps, existence de règles écrites et uniformes codifiant les pratiques, autonomisation du jeu sportif par rapport aux affrontements guerriers ou rituels, développement d'une éthique de la loyauté qui ne sépare pas le désir de victoire du respect des règles et du plaisir du jeu quelle qu'en soit l'issue. En resituant le sport dans une dynamique de longue durée, Elias et Dunning peuvent analyser le phénomène sportif, dans sa double dimension de pratique corporelle et de spectacle de mise en jeu du corps, comme un produit du processus de civilisation (1ère partie). Le sport est donc caractérisé par une stricte limitation de la violence physique permettant ainsi de distinguer le sport moderne des jeux traditionnels (2ème partie). A partir de cette définition du sport, Elias et Dunning montrent que l'incorporation d'un habitus sportif produit des effets en dehors même de la sphère du sport et des pratiques corporelles (3ème partie).
I- Le sport dans le processus de civilisation
La thèse de Norbert Elias sur la