Tortoise TNT
En effet, le collectif géométrie variable, même si John McEntire peut être considéré comme le maître d'œuvre de Chicago impressionne par sa capacité à recycler toutes sortes d'influences fortes Kraftwerk, Art Ensemble of Chicago, Pharoah Sanders, Can, à naviguer au large des idées reçues (combien ont cherché à ne voir en Tortoise que des cloneurs doués, des jazzeux prétentieux ratant leur fusion), et à donner, à chaque fois, une telle impression de nouveauté. C'est net et précis, dans le laboratoire à sons de Tortoise, on élabore ce qui de fait de mieux en matière de musique d'aujourd'hui et de demain. Leurs dernières expériences dans les domaine des remixes, des collaborations ou des sideprojects (Isotope 217,
Directions, The For Carnation, USheen, The Sea and Cake...) montrent d'ailleurs que ces garçons sont rarement à cours d'idées et excellent dans des domaines fort éloignés les uns des autres. TNT est à ce jour leur effort le plus important, représentant la synthèse d'années de travail. A la fois diversifié et ramassé sur luimême, cet album fourmille de trouvailles sonores, d'arrangements déconcertants au départ mais finalement évidents. Il dégage une grosse impression de maîtrise et de cohésion. D'emblée, TNT, le premier titre, avec son introduction de rythmes foisonnants en forme d'hommage à la grande tradition du jazz, donne le la d'un disque qui, jusqu'au bout, va émerveiller par ses alchimies savantes et ses potions plus que digestes. Suring from the gutters et sa basse bourdonnante, éminemment organique, impose le plus cinglant des