Traités et contrats
De même, l’aspect versatile[9] de la puissance peut bouleverser la configuration internationale dans un sens que les parties ne pouvaient pas prévoir et rendre caduques[10] les clauses de l’accord. Surtout, le respect des traités ne repose que sur la volonté des contractants, volonté qu’ils peuvent modifier à leur guise. Aussi la GUERRE demeure-t-elle le moyen ultime de vider un différend politique, lorsque les voies de la discussion ont échoué.
Toutefois, on objectera alors que GUERRE et PAIX, par delà leur opposition apparente, se rejoignent dans le but poursuivi et ne diffèrent que par la méthode mise en œuvre. Dans les deux cas, il s’agit pour une communauté politique d’assurer sa conservation et son autonomie, le respect de sa puissance. La PAIX y concourra par le dialogue, la GUERRE par l’anéantissement et la destruction de l’Etat rival. C’est le sens des analyses conduites par Clausewitz[11] dans De la guerre. Il y définit la GUERRE comme « un acte de violence destiné à contraindre l’adversaire à exécuter notre volonté ». Aussi distingue-t-il le but et la fin de la GUERRE. Le but, c’est le résultat immédiat auquel la guerre veut aboutir ; sa fin, c’est l’objectif politique qui est visé à travers le but. Son but est par essence purement militaire : il consiste à désarmer l’ennemi. Sa fin est politique : elle consiste à rendre possible une situation politiquement plus avantageuse.
Aussi refuser absolument la GUERRE, c’est courir le risque d’être réduit en esclavage par ceux qui l’acceptent.
La volonté de PAIX, purement morale, reste impuissante