Travail
Le travail n’est-il pour l’homme qu’un moyen de subvenir à ses besoins ?
Dire du travail qu’il n’est que l’activité par laquelle l’homme satisfait ses besoins explique mal qu’une fois ceux ci satisfaits, l’homme n’en continue pas moins de travailler. En effet, le temps consacré au jeu, au sport et aux voyages est somme toute fort mince et la parcimonie avec laquelle l’homme l’emploie révèle son caractère subordonné et accidentel dans l’économie de son existence. A supposer qu’un homme ait des revenus tels qu’ils lui suffisent — sans travailler — à vivre de façon prospère, il n’en chercherait pas moins à se rendre utile. Ce besoin est si intense que le chômeur touchant ses ASSEDIC ressent cruellement son état de para site. Les mêmes symptômes du besoin de travailler se font sentir chez celui pourvu d’un emploi. Parfaire sa formation s’entend toujours dans la ligne d’un métier: on veut alors travailler mieux, davantage, occuper un poste plus rémunérateur ou plus «valorisant». Les activités dites désintéressées ne sont recherchées que pour autant qu’elles sont susceptibles d’être converties en travail. Vivre de ce qu’il aime, voilà ce que l’homme veut faire de sa vie. Toute séparation entre travail et loisir est vécue comme un échec.
Mais ce constat ne laisse pas de surprendre. Située dans la ligne de la production de biens nécessaires à la subsistance, l’activité laborieuse est caractérisée par sa prétention à ne pas s’y cantonner au point que les hommes, qu’ils travaillent de fait ou qu’ils n’aient pas besoin de travailler pour vivre, cherchent toujours à convertir leurs activités non laborieuses en travaux.
Comment donc concilier la spécificité du travail qui n’épuise pas la vie, mais relèverait plutôt de son conditionne ment, et sa prétention et propension à absorber le tout de la vie, à lui donner un sens en somme ?
1. A bas le travail
Si nous pouvions satisfaire nos besoins autrement que par le travail, nous le ferions car le travail