Vendredi ou les limbes du pacifique
Supplément au voyage de Bougainville, de Diderot, est conçu comme un dialogue opposant deux façons de penser, de faire et de vivre. Ce récit soulève également le problème de la colonisation et raconte la vie sauvage par rapport à l'homme civilisé. Dans cet extrait, l'auteur met en scène un vieil homme qui dit être indifférent au départ des blancs. Il prononce alors un discours violent où il s'adresse tout d'abord aux Tahitiens puis ensuite directement à Bougainville. Dans ce texte, Diderot souligne l'opposition entre deux nations, les qualités des Tahitiens devant les défauts de la culture blanche. Nous verrons en quoi ce discours présente les méfaits de la civilisation, faisant un éloge sur la vie naturelle.
Diderot qualifie les hommes civilisés de " méchants " (l ). Il utilise des mots forts pour souligner cette cruauté avec des verbes comme " enchaîner ", " égorger ", " assujettir ", " se haïr ", " asservir ". Ce champ lexical de la cruauté renforce l'attitude des Européens envers les Tahitiens. L'auteur développe également le champ lexical de la violence : " funeste avenir ", " fureurs inconnues ", " féroces ", " esclaves ", " teintes de sang ". Grâce aux champs lexicaux de la cruauté et de la violence, Diderot dresse ainsi un portrait réaliste du comportement des Européens face aux Tahitiens.
L'injustice et l'immoralité dont font preuve les Européens sont marquées ici par la notion de possession (l ). Cette injustice se traduit par l'application de la loi du plus fort dès l'arrivée des occidentaux " ce pays est à nous " (l ). Le vieillard s'indigne d'un tel comportement de la part des occidentaux " ce pays est à toi ? Et pourquoi ? " (l ) , et s'exprime grâce à un renversement de situation hypothétique qui montre l'inégalité de cette situation. Cette loi du plus fort est ainsi en totale opposition à la loi naturelle défendue par l'auteur dans son discours. Diderot nous montre que