Vieille chanson du jeune temps
Présentation/thème du poème
Victor Hugo chante la jeunesse dans Les Contemplations de 1856. Cette ode lyrique évoque une promenade dans les bois en compagnie d'une jeune femme. La scène idyllique d'une "nature amoureuse" est brusquement interrompue par ce constat doux-amer : "Depuis, j'y pense toujours".
Problématique
Avec sa douceur mêlée de regrets, dont on comprend qu'elle exprime une certaine nostalgie, la plus grande réusssite de ce poème est sans doute dans l'expression de la fraîcheur et de l'ingénuité de l'adolescence. Nous verrons comment cette apparente simplicité est en vérité le fruit d'un travail inspiré.
Annonce du plan
La peinture d'une nature idyllique (I) sert en effet de cadre à un dialogue de sourds, à un colloque sentimental inabouti (II). Ce non-dit latent au fil de l'exposé naif n'est pas le moindre des plaisirs que nous ressentons à la lecture : le lecteur entrevoit une autre histoire, celle de la jeune femme, derrière le récit du poète. (III)
I - Un jardin d'Eden a - Un cadre idyllique : une nature qui semble douée d'une conscience bienveillante et folâtre ; voir le merle et le rossignol, symbolisant respectivement le jeune homme et la jeune femme, communiquant avec eux. Les éléments d'un paysage accueillant sont ici disposés : oiseaux, fruits, eau courante "fraîche et creuse". La mention des "grands bois sourds" fonctionne à deux degrés de signification : "sourds" au reste du monde, isolés des rumeurs du monde extérieur et donc feutrés, paisible, secrets, mais aussi "sourds" comme ce jeune homme qui ne comprend pas sa bonne fortune, et "n'entend" pas les appels de la jeune femme. b - Identification de la femme à la nature. Son nom évoque une fleur, traditionnellement associée à la beauté et à la jeunesse du Roman de la Rose à Ronsard ; c'est elle qui guide le poète à travers ces bois ; chacun de ses gestes nous mène à la contemplation d'un élément différent : elle cueille une mûre, plonge son pied dans l'eau. Le