HLLM222 – Littérature comparée 2
Cours du jeudi 5 février 2015
Texte 2 : Virgile, Eneïde, VI, 264-336, Enée au pays des morts
L’Eneide est une épopée constituée de douze chants. Elle reprend le même type de structure que ses illustres prédécesseurs l’Iliade et l’Odyssée, allant même jusqu’à emprunter à l’une et à l’autre ses thématiques principales. Le héros Enée, fils d’Anchise et de Vénus, est le seul survivant de la famille royale troyenne : par la volonté des dieux, il a fui Troie en flammes pour conserver l’espoir d’une renaissance future de la cité sur une terre nouvelle. La mission qui lui est attribuée par les dieux est donc clair : il doit permettre la re-fondation de la cité de ses pères.
Durant les six premiers chants, nous assistons aux voyages d’Enée, qui incluent un récit sous forme de flash-back de la destruction de Troie quand, dans le chant IV, Enée raconte à Didon, la reine de Carthage, ce qui l’a mené jusqu’aux rivages de son royaume.
En donnant chair à un personnage quasi oublié du mythe troyen, Virgile fait un choix judicieux. En effet,
Raconter les tribulations d’Enée jusqu’aux rives de l’Italie, c’est un moyen pour l’auteur de faire remonter les racines de Rome jusqu’à l’une des cites les plus fastes et les plus admirées de l’antiquité mythique ; c’est aussi établir un parallèle allant parfois même jusqu’à l’identification, entre Enée, le fondateur, et
Auguste, le re-fondateur de la cité romaine lorsqu’il fut aux origines de l’Empire. Cette identification est d’autant plus facilitée que la famille des Iulii, à laquelle Auguste appartient doublement, en tant que neveu de Caius Iulius Caesar et en tant que fils adoptif de ce dernier, lie son nom à Iule, fils d’Enée. Ainsi,
Auguste apparaît, grâce à l’art de Virgile, comme le nouveau porteur du flambeau jadis confié par les dieux à Enée l’ultime descendant d’un homme prédestiné à être à l’origine de la future cité romaine.
Cette habileté de Virgile est particulièrement perceptible dans le chant