Le témoignage de Saint-Exupéry sur la vie des pilotes de ligne est dépouillé de toute littérature. Il retrace une expérience vécue et il montre comment lui-même et ses camarades aviateurs étaient prêts à renoncer à tout ce qui les touchait individuellement pour défendre une cause qui leur semblait légitime. Dans cet ouvrage, Saint-Exupéry a défini deux types d'hommes : le chef qui forge des volontés (le personnage de Rivière, inspiré par Didier Daurat, une figure « mythique » de l'Aéropostale) et le sujet qui exécute les ordres, en acceptant les risques que comporte le métier qu'il a choisi. Entre eux, il n y a pas de rapports de maître à esclave, mais d'homme à homme, la liberté consistant pour l'un et l'autre dans leur adhésion totale à une contrainte, dans leur soumission à un devoir. C'est en respectant cette contrainte qu'ils prennent conscience de leur grandeur et c'est grâce à l'action qu'ils sont en mesure de réaliser l'importance du devoir, quand l'action est orientée vers un but que l'on s'est fixé hors de soi. Telle est la morale qui se dégage de ce livre et qui annonce les principes sur lesquels Saint-Exupéry fondera son éthique telle qu'elle apparaît dans ses ouvrages postérieurs, dans Terre des hommes notamment.
Derrière une peinture de l'organisation de l'Aéropostale, l'ouvrage traite de la problématique du héros pour qui toute action relève de l'absolu. La force de l'homme héroïque est de s'effacer devant cet absolu. Mais l'homme donne de la valeur à l'humanité par les effets de son action. Face à la solitude, il assume cette signification.
Le livre, à sa sortie, fut préfacé par André Gide et connut un succès considérable. La vente de Vol de nuit est estimée aujourd'hui à 6 millions d’exemplaires dans le monde[réf. nécessaire]. Les jurées du Femina décernèrent leur prix en 1931 à cette œuvre majeure. Saint-Exupéry venait d'avoir trente