William wilson
Si le cycle Dupin fait explicitement référence à la notion d'intrigue, le personnage étant là pour résoudre une énigme en faisant appel, pour lui-même et pour le lecteur, à des facultés d'analyse, il est d'autres nouvelles de Poe qui demandent une autre disposition du lecteur. On pourrait appeler cette autre disposition « complicité dans la perversité». Dans les Nouvelles histoires extraordinaires, Le chat noir, Bérénice, Le coeur révélateur et William Wilson sont des intrigues qui ne sauraient être dénouées par l'analyse mais par une participation complice. William Wilson en constitue le paradigme exemplaire. En effet cette nouvelle nous place d'emblée dans un climat d'« inquiétante étrangeté » : le narrateur, jeune collégien au début, puis étudiant débauché à la fin, est persécuté par un mystérieux personnage. Personnage d'autant plus singulier qu'il prodigue des conseils au narrateur. Il fait intrusion dans sa vie pour le tourmenter. Mais le piment de la nouvelle tient au fait que ce personnage s'appelle également William Wilson, et qu'il est né le même jour que le narrateur. Plus tard on apprendra qu'il fait la même taille, puis qu'il lui ressemble. En fait, et vous l'aurez déjà deviné, ce personnage n'est autre que la conscience du narrateur. Mais point de moralisme chez Poe. L'intérêt de la nouvelle réside dans le soin apporté par l'auteur à faire pressentir au lecteur la fin de l'histoire, en distillant savamment des indices, alors que le narrateur tente de comprendre ce qui lui est arrivé mais en restant toujours aveuglé par sa folie destructrice. Un seul regret : que Freud n'ait pas connu Poe pour élaborer ses