Yves bonnefoy interview

1372 mots 6 pages
Yves Bonnefoy : Interview au Monde !

Yves Bonnefoy : en présence du monde

Parler d'actualité à propos d'Yves Bonnefoy est un peu curieux tant l'oeuvre qu'il réalise se situe dans les marges de l'époque, dans cet espace si délicat qui est le sien, fait de dévotions à l'enfance et d'errance dans la conscience à demi somnolente. Et pourtant, il semble jouir aujourd'hui d'une immense reconnaissance : comme une sorte de couronnement qui ne semble pourtant pas concorder avec son souci de la discrétion.

Né en 1923, traducteur de Shakespeare, d'Ungaretti ou de Leopardi, critique d'art (il a écrit sur Goya, Balthus, Masson, Cartier-Bresson...), mais surtout poète - il construit depuis 1946 une oeuvre à multiples entrées. L'exigence et le souci du dialogue de celui dont le nom a souvent été prononcé pour le Nobel l'ont distingué au point que ses textes ont suscité des commentaires d'éminents critiques tels que Jean Starobinski ou encore Jean-Pierre Richard.

Il publie aujourd'hui dix ans d'entretiens sur la poésie (L'Inachevable, Albin Michel), au moment même où un numéro des Cahiers de L'Herne lui rend hommage. Dans ce volume, qui comprend des textes du poète et de ses contemporains, le constant souci d'ouverture d'Yves Bonnefoy est mis en lumière par la grande variété des signatures (Marc Fumaroli, Pierre Alechinsky, Adonis...).

"Vérifier mon adhésion"

On peut aussi lire un recueil d'essais (La Beauté dès le premier jour, William Blake), qui sont des reprises de conférences. Yves Bonnefoy y questionne son rapport à la poésie, comme si celle-ci devait être régulièrement soumise à un examen intime : "En fait, je vis ces retracements comme le moyen de vérifier mon adhésion à ma conviction d'origine", écrit-il à ce propos. Enfin, dans un autre essai (Le Siècle où la parole a été victime, Mercure de France), le poète revient sur le XXe siècle et le totalitarisme qui a bâillonné la parole, lui enlevant toute possibilité de souffle.

Mais cette somme de

en relation