Zazie incipit
Durant l’entre-deux guerres, c’est de l’étranger, Allemagne et Russie notamment, que viennent les innovations et les réflexions les plus marquantes. En effet, les deux pays connaissent les bouleversements de la Grande Guerre et ceux de la Révolution, puis l’installation d’un pouvoir et d’une idéologie marxistes. Au centre des débats idéologiques, la culture et notamment le théâtre. Erwin Piscator, metteur en scène et théoricien allemand expose dans « Le Théâtre politique » sa conception d’un théâtre de responsabilité politique : « L’art n’est qu’un moyen en vue d’une fin. Un moyen politique, un instrument de propagande. D’éducation. »
En Allemagne et en Russie/URSS, mais aussi aux Etats-Unis, en Angleterre, en Italie, le théâtre devient engagé, voire révolutionnaire. En France, il reste un peu en retrait des grands mouvements d’idées, même s’il s’interroge aussi sur son rôle.
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Dans l’Allemagne en état de choc de l’après-guerre, Piscator (1893 – 1966), a fait la guerre comme animateur de théâtre aux armées, en est revenu avec une horreur sans précédent : « Jusqu’alors je n’avais vu la vie qu’à travers le miroir de la littérature, mais la guerre provoqua un retournement et je commençai à voir la littérature et l’art tout entier à travers le miroir ardent de la vie. » Dès lors, l’art ne peut plus être pour Piscator, qu’un moyen comme un autre de la lutte des classes, un moyen en vue d’une fin politique. Il faut lier l’action scénique aux grandes forces agissantes de l’Histoire et faire de la pièce une activité de critique et de combat. Il faut aussi tirer les leçons de l’Histoire récente et admettre que ce n’est plus l’individu, avec son destin personnel qui constitue l’élément héroïque de l’art dramatique aujourd’hui mais le destin des masses.