Introduction La presse écrite à la fin du XIXe siècle est en pleine mutation. La France subit en effet un changement de régime et la loi de 1881, régulant la liberté de la presse, ouvre la voie à un journalisme nouveau. Différents scandales remplissent les pages des journaux et séduisent le lectorat. L'affaire Dreyfus met la presse en ébullition durant douze ans, de 1894 à 1906. Dans les faits, cette affaire est plutôt banale puisqu'il s'agit d'une accusation erronée de trahison. Ce qui est prégnant cependant, c'est la manière dont elle est traitée par la presse, transformant ainsi l'accusation du Capitaine Dreyfus en un conflit français autant politique que social. Le rôle joué par la presse est essentiel dans la résolution du conflit et le texte tend à expliquer les ressorts et la substance qui font de cette affaire l'un des scandales les plus retenus et les plus discutés. La question sera abordée en s'intéressant d'abord à la « libération » de la presse, puis aux composantes de l'affaire Dreyfus et à la manière dont elle a à la fois influencé la presse et été influencée par celle-ci. Sera finalement abordée la contribution d’Émile Zola et son célèbre article J'accuse, ainsi que le scepticisme avec lequel l'auteur est parfois regardé. Afin de saisir les relations entre la presse et l'affaire Dreyfus, il est bon de rappeler dans un premier temps le climat culturel et politique dans lequel baigne la France avant et pendant la fin du siècle.

1. La presse à la fin du XIXe siècle

1.1 La presse sous le Second Empire La presse française, avant sa libéralisation à la fin du siècle, connaît une période de contrôle rigoureuse sous le Second Empire. Les mesures instituées par le décret du 17 févier 1852 se veulent restrictives afin de protéger le gouvernement. Ainsi, la création d'un journal ou le changement de son rédacteur en chef demandent l'accord du gouvernement, les compte-rendus non-officiels des assemblées politiques sont interdits ou encore, des