Zola
Introduction
· Emile Zola (1840-1902) est le chef de file et le théoricien du mouvement naturaliste dont il jette les bases dans son ouvrage théorique Le Roman expérimental. Zola explique qu'il a pris le parti du naturalisme, doctrine par laquelle il essaie d'élever la littérature au rang de science exacte. Zola narre en un cycle de vingt romans constituant une grande fresque romanesque « L'histoire Naturelle et Sociale d'une famille sous le Second Empire » ainsi que l'indique le sous-titre donné à l'ensemble de son oeuvre sur les Rougon-Macquart. Dans son roman La Bête humaine (1890), Zola met en scène Jacques Lantier, mécanicien de la locomotive La Lison. Porteur d’une « fêlure héréditaire », la pulsion sexuelle s’accompagne toujours chez lui d’une pulsion meurtrière. Ainsi assassinera-t-il sa maîtresse, Séverine. A la fin du roman, il devient l’amant de la maîtresse de son chauffeur Pecqueux. Celui-ci l’attaque dans l’habitacle de la locomotive. Les deux hommes tombent sur la voie et sont déchiquetés par le train qui, lancé à grande vitesse, roule du Havre vers Paris, sans conducteur, emmenant, en principe, les soldats à la guerre de 1870... Ce passage repose sur une métamorphose : la scène réaliste de l’accident laisse peu à peu la place à une scène épique et fantastique.
·
·
·
·
Lecture
Mais Pecqueux, d’un dernier élan, précipita Jacques ; et celui-ci, sentant le vide, éperdu, se cramponna à son cou, si étroitement, qu’il l’entraîna. Il y eut deux cris terribles, qui se confondirent, qui se perdirent. Les deux hommes, tombés ensemble, entraînés sous les roues par la réaction de la vitesse, furent coupés, hachés, dans leur étreinte, dans cette effroyable embrassade, eux qui avaient si longtemps vécu en frères. On les retrouva sans tête, sans pieds, deux troncs sanglants qui se serraient encore, comme pour s’étouffer. Et la machine, libre de toute direction, roulait, roulait toujours. Enfin, la