A l’aube du XVIIè siècle naissait la science dite « moderne », celle initiée par Galilée. Dès lors, les promesses de la science moderne se veulent gigantesques, fabuleuses. Elles jurent de révéler aux hommes la réalité du monde. Dans la lignée de Galilée, Descartes affirmait, dans le Discours de la Méthode, que « l’homme devait devenir comme maître et possesseur de la nature ». Depuis Descartes, notre emprise sur le monde s’est amplifiée de façon prodigieuse, à tel point que le développement technoscientifique et technique s’emballe, nous donnant l’impression d’échapper à notre contrôle. Pourquoi les sciences et les technosciences, plutôt que d’éclairer l’humanité, se mettent-elles à l’effrayer ? Le projet philosophico-scientifique initié par Galilée et Descartes a-t-il mené l’Homme dans une impasse ? Comment repenser notre rapport à la Nature ? Etienne KLEIN, physicien, auteur de _Galilée et les Indiens – Allons-nous liquider la science ?_ Selon Galilée, la nature est quelque chose de clos sur elle-même, régie par des lois mathématiques, que la physique a pour mission de découvrir. Il ajoute que nous sommes des êtres d’anti-nature, transcendants. La science est-elle victime d’un égarement ? En quoi ses prétentions, ses promesses, les désillusions qu’elle a parfois suscitées ont-elles dévié du projet initié par Galilée et Descartes ? Olivier REY, chercheur en mathématique, auteur de _Itinéraires de l’égarement – _du rôle de la science dans l’absurdité contemporaine : La science moderne est bien distincte de la celle qui l’a précédée dans l’Antiquité et à l’époque médiévale. La science ancienne est celle d’un cosmos, mot grec qui originellement désignait un ensemble harmonieux, bien ordonné. Cela signifie que la science d’un monde qui est d’emblée conçu comme une harmonie est une science à l’intérieur de laquelle il n’y a pas de rupture entre la question des faits et la question des valeurs,