A quoi bon vivre
Que l’on soit amené à nous interroger de la sorte suppose initialement l’accomplissement d’un jugement : l’expérimentation de la vie débouche sur le constat d’une fatigue de vivre, d’une carence de sens ou plutôt d’un malaise à assigner à l’existence une signification positive qui puisse justifier l’acte d’être et alimenter , ce faisant, le désir de durer par l’acceptation d’un processus indésirable .Mais l’expérience du plaisir ou l’éventualité de son avènement La formule énonce l’aveu d’une faillite qui porte sur les motifs qui donnent au sujet humain une raison de vivre. L’aveu est révélateur de la volonté de démissionner de la vie qui prend l’allure, dans ce cas de figure, d’une épreuve que le sujet voudrait faire cesser. Cette décision émane de celui qui a une existence en totale inadéquation avec ce qu’il désire : l’horizon d’attente est déçu quand le projet de vie rêvé n’accède pas à la réalisation. L’échec semble affecter l’effort de concrétisation et la réflexivité qui permet ce retour sur soi est marquée par la concomitance du désir de la vie bonne et du sentiment amer de l’impuissance du sujet à lui donner forme. Les accents de désespoir exprimés reprochent à la vie de ne pas être conforme au projet escompté : le dépit présent dans la formule à quoi bon vivre serait, semble-t-il, porteur de la revendication, par un être déçu, d’une vie meilleure que celle dont il dispose. Puisque ce n’est pas le fait de vivre qui est générateur de désespoir et d’amertume, il faudrait s’interroger sur la dynamique du désir qui préside à la naissance d’un projet de vie et les contours des éléments qui pourraient entraver l’allure d’une aventure personnelle : qu’est-ce qui fait qu’une vie échoue ? Vivre l’échec est-ce un échec de vivre ou l’annonciation du désir de mieux vivre ? L’échec est-il la marque indépassable de la cessation d’une vie ou n’est-il pas le tribut à