E criture d invention Marie
Marie 9 décembre, 1849, Paris.
25, rue de la justice
Monsieur les juges,
Je viens vers vous aujourd’hui, fille de celui que vous même avez mis à mort il y a vingt ans de cela, pour vous exprimer ma souffrance éternelle et mon immense colère. Cela fait vingt ans que je vis seule, démunie, affligé dans les rues de Paris. Depuis mon anniversaire de trois ans, je n’ai personne sur qui me reposer, personne a qui livrer mon malheureux quotidien, personne avec qui partagé quelques instants de bonheur, qui me sont dorénavant utopique. Sans mère, ni père, je suis orpheline et je vis l’enfer depuis vingt ans, à cause de vous, juges infâmes ! Je voudrais aujourd'hui vous ouvrir les yeux sur l’ignoble crime que vous commettez en condamnant un homme à mort.
Premièrement, je ne puis concevoir l’idée de mon père en prison attendant sa mort. Cette fin qui lui était si proche, a du lui paraitre d’une lenteur exaspérante. Ces heures, ces jours, ces semaines à attendre, à penser et à vivre pour qu’une chose : la mort. Cette idée l’épiant comme une femme envieuse, cette fumée opaque l’obsédait jours et nuits, l’empêchait de voir et à penser à autre chose. Il s’endormait avec cette fatale pensée et éveillait avec l’espoir que toute sa misère soit un rêve. Cette horrible réalité qui l’entourait venait lui frapper sa pensée tel une vague impétueuse se heurtant contre une falaise. Son attente… était une agonie permanente. De plus, la mort de mon cher père était impatiemment espérée par une foule déchainée. J’imagine ce troupeau d’humain privé de cœur, privé de sentiments, aboyer « À mort ! À mort ! ». Et lorsque mon père, le misérable condamné, tant attendu arrive sur le lieu du crime hideux, debout devant la guillotine