L'affrontement au théâtre-question sur corpus
Le corpus de textes, que nous avons eu à étudier, présente trois extraits de pièces de théâtre, tous des affrontements verbaux entre deux personnages l’un aimant l’autre mais n’en étant pas aimé en retour.
Le premier texte est extrait de l’Andromaque tragique de Jean Racine (1667). Ce dernier a pris très grand soin à écrire sa pièce en vers et en langage soutenu. C’est une partie de l’acte III, scène 7. Pyrrhus amoureux d’Andromaque, sa captive troyenne, lui impose un chantage odieux : soit elle l’épouse et son fils est sauf, soit elle décline son offre et dans ce cas-là, son fils sera livré aux Grecs (« Il faut ou périr ou régner » l.22). Nous remarquons donc que c’est Pyrrhus, l’homme, qui est à l’origine du conflit notammant à cause de son chantage. C’est ici principalement une question de pouvoir. En effet, sur le plan politique, Pyrrhus a un pouvoir absolu sur Andromaque. Andromaque, reine de Troie déchue est au service de Pyrrhus, roi d’Epire, allié des Grecs et vaincqueur de la guerre de Troie. De plus il n’y a que lui qui parle, ce qui montre sa supériorité. Mais cet affrontement est avant tout sentimental, et c’est, au final, Andromaque qui règne. Pyrrhus est pendu à ses lèvres et la suite des évènements dépendent de son ultime choix.
De même, dans l’extrait suivant provient de la scène 8 de la comédie L’île des esclaves de Marivaux (1725), Arlequin essaie de persuader une femme, Euphrosine, qui le repousse de l’aimer. L’affrontement est de nature différente que dans le premier texte. Ici, l’histoire a fait que les maîtres et esclaves ont échangé leur rôle : ainsi Arlequin est un valet devenu maître et Euphrosine est une maîtresse devenue servante. Ce sont donc des rapports intervertis. Malgré tout, c’est Euphrosine qui garde le pouvoir, et en effet à la fin Arlequin se rend (« J’ai perdu la parole »l.47). Du fait que ce soit une comédie, l’affrontement est exagéré mais reste dans un registre de langue commun.