L'albatros de baudelaire
Le deuxième poème de l’édition consiste en 4 quatrains à un agencement rimique ABAB. Baudelaire emploie surtout des rimes riches (planches/blanches et veule/gueule) et suffisantes pour soutenir son poème d’un rythme régulier et structuré et il est intéressant de contraster son désir de faire ainsi avec le ton plutôt prosaïque surtout des premiers vers :
Souvent, pour s’amuser.....
Avec le tout premier mot, le poète s’annonce comme préparé pour raconter quelque histoire. Un ton plus élévé ne se présente qu’au 2eme vers: “vastes oiseaux des mers” où l’emphase se repose sur la description plutôt que l’élément narratif et où, par conséquent, l’adjectif occupe une position dominante à la césure d’un alexandrin (vers dont se compose tout le poème). Baudelaire présente deux champs lexicaux ici et tout au long des trois premières strophes. Le premier, c’est celui qui traite les qualités admirables de l’albatros:
vastes.....indolents...rois de l’azur...grandes ailes blanches...si beau...
mais l’autre est contrasté très directement avec cette impression:
maladroits et honteux...gauche et veule...comique et laid!...l’infirme
Les deux champs lexicaux soulignent le contraste entre la splendeur de l’albatros dans son propre environnement et sa gaucherie hors des cieux. Le contraste est introduit aussi à travers les adverbes de temps: “naguère, à peine”. Mais cette gaucherie est renforcée par le comportement cruel des marins qui se moquent de lui:
L’un agace son bec avec un brûle-gueule,
L’autre mime en boitant, l’infirme qui volait!
et c’est la cruauté qui introduit la comparaison sur laquelle repose le poème, celle entre l’albatros et le poète. La 3eme strophe ne fut ajoutée au poème qu’à 1859, le poème original ayant été écrit en 1843 et on la distingue peut-être de la 2eme par le passage du pluriel au singulier qui permet à Baudelaire de faire l’identification entre son conception du “poète romantique”, exilé et malheureux dans un