L'apologue
Si à plus d’un titre cette scène peut nous surprendre du fait de cette ouverture originale par une tirade faisant un éloge paradoxal, celui du tabac, il n’en est pas moins que cette première scène peut se lire comme un scène d’exposition. En effet, cette scène commence par éveiller la curiosité du lecteur par un éloge paradoxal qui annonce une tonalité comique, elle reprend la traditionnelle discussion entre personnages qui se doivent de présenter la situation et Sganarelle fait le portrait de son maître, en cela il présente le héros.
1) Un éloge paradoxal
La scène s’ouvre donc sur une tirade de Sganarelle, valet du héros, qui va faire l’éloge du tabac. Il reprend ainsi un jeu inventé par les humanistes qui s’amusaient à faire un éloge ironique d’objets qui n’en étaient pas dignes.
Cet éloge place la scène dans un registre comique, et est lui-même comique à plus d’un titre. Il débute avec une référence à la philosophie antique totalement absurde et farfelue, car ce n’est pas un sujet digne de l’intérêt d’un philosophe, d’autant que le tabac n’y était pas consommé. Il s’agit donc pour Sganarelle de se donner un air savant et érudit alors même qu’il invente ses références et trahit par là son manque de culture. Il continue à donner une patine savante à son discours en prenant un ton sentencieux, avec, par exemple, l’emploi de « qui vit sans tabac n’est pas digne de vivre » et en proposant un discours très construit ayant la forme d’un raisonnement, même si celui-ci est totalement absurde. Il expose donc sa thèse, ses arguments avant d’illustrer par un exemple. Or, la thèse est ridicule (« il n’est rien d’égal au tabac », le tabac est donc un bien), les arguments (« Non seulement il réjouit et purge les cerveaux humains, mais encore il instruit les âmes à le vertu, et l’on apprend avec lui à devenir honnête homme » repris par « tant il est vrai que le tabac inspire des sentiments d’honneur et de vertu à tous ceux qui en prennent »)