L'argumentation indirecte
Le conte philosophique, tout en suscitant le plaisir du récit, l'utilise pour éveiller la réflexion critique du lecteur sur des thèmes philosophiques: la science, la religion, la politique, la morale
Les fables, les contes (en particulier philosophiques), les exempla, ont en commun un fonctionnement allégorique qui permet une argumentation indirecte.
Ils visent en effet à convaincre et persuader le lecteur indirectement, par le récit, en mettant en scène des idées, des valeurs, des forces (la liberté, l'honnêteté, la royauté...) à travers:
- des personnages de fiction (hommes, dieux, animaux, végétaux...), dont la fonction symbolique est plus ou moins fixée par une tradition;
- des situations à travers lesquelles la valeur symbolique de ces personnages va être révélée;
- des dialogues qui confrontent différents points de vue ou qui permettent d'énoncer une leçon;
Dans cette argumentation indirecte, le rôle d l'implicite est souvent essentiel. L'auteur (ou Ie locuteur) de l'apologue suggère souvent plu qu'il n'affirme une idée. II évite ainsi la lourdeur d'une démonstration et se protège contre la censure en ne formulant ses cri tiques que de manière voilée ou détournée. Voltaire, dans ses contes philosophiques, utilise le second degré de l'ironie.
L'implicite de la leçon ou de la contestation aiguise la curiosité du lecteur, dont la complicité est requise pour deviner les intentions de l'auteur
Si la finalité principale de l'apologue est didactique, la critique s'exprime, dans la fable ou le conte philosophique, à travers les registre polémique, comique et satirique, notamment à travers les procédés de l'ironie (fausse vérité, exagération, antiphrase,