L'eugénisme
Par Yoann Solirenne
Que ce soit pour des raisons pratiques ou plus politiques, l’eugénisme a bel et bien existé à la période de la Grèce classique (VIe-IVe siècle av. J.-C.). De Platon à Aristote, en passant par le législateur spartiate Lycurgue, tous les penseurs de l’époque se sont penchés sur cette pratique utopique.
Une vision démographique
En Grèce classique et à Sparte, l’eugénisme va devenir un « outil » au service de l’utopie sociétale. Tout cela dans le but de créer une société équilibrée, censée se perpétuer indéfiniment. Platon, comme beaucoup d’autres, s’est penché sur le problème. Dans son ouvrage Des Lois, il préconise un nombre maximal de citoyens au sein de la cité : 5 040. Il ne s’agit pas là réellement d’une politique eugéniste, mais plutôt d’une réflexion basée sur des données physiques, au sens de « tant d’habitants au mètre carré ». Cependant, le philosophe va faire naître une idée malgré lui, même s’il est un précurseur de la pensée démographique. Pour parvenir à cet idéal numéraire, Platon préconise par exemple de « restreindre les naissances quand la génération est abondante » ou inversement.
Un eugénisme « pratique »
En Grèce classique, on se débarrasse volontiers des enfants pour des raisons économiques, ou encore des filles que l’on juge trop nombreuses. On n’hésite pas à tuer les nouveau-nés pour diverses raisons. L’oracle voit cette naissance d’un mauvais œil, le nourrisson est aussitôt abandonné. Si l’on tue principalement les enfants, c’est parce qu’ils sont anormaux. Ainsi, on juge qu’ils seront incapables de s’insérer dans la société, dans la vie de la Cité. Les enfants handicapés représentent une charge pour les familles grecques, un « poids inutile », « un luxe dont on doit se passer ». Les grecs vont partir à la chasse de l’enfant « monstrueux ».
Dans De la génération des animaux, Aristote va définir ce qu’est le monstre en ces termes : « Le monstre appartient à la catégorie des