L'histoire est-elle une science
(Cours de M. Bouillet) Introduction Selon le dictionnaire, le terme d’ « histoire » possède un double sens :
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Premièrement, l’histoire est de l’ordre du « fait physique », c’est-à-dire qu’elle est une succession de faits manifestes dans le temps. Ainsi, l’histoire s’identifie à l’écoulement même du temps. Deuxièmement, l’histoire est de l’ordre du « fait psychique », c’est-à-dire qu’elle est un récit de cette suite de faits dans le temps. Dans ce cas, l’histoire s’identifie à la conscience ou à la représentation de l’écoulement du temps.
Ainsi, s’interroger sur l’histoire pose immédiatement un problème, celui du lien existant entre ces deux sens. Comment faire coïncider ces deux sphères hétérogènes ? Comment lier le physique et le psychique ? Si nous considérons, tout d’abord, l’histoire dans son sens physique, comment pouvons-nous la qualifier ? Nous devons constater que, puisque l’histoire est liée à la temporalité et aux faits de la nature, elle doit en partager les qualités essentielles. Ainsi, l’histoire doit être considérée comme contingente. En cela, les faits historiques, comme les faits de la nature, sont irréguliers et hasardeux. L’histoire, comme la nature, se définit alors par une constante et imprévisible nouveauté. Or, cette nouveauté est ce contre quoi semble lutter l’historien. Si nous nous tournons, un instant, vers le fondateur de l’histoire, Hérodote d’Halicarnasse, connu pour avoir fait le récit des guerres médiques, nous devons remarquer qu’il justifie son œuvre ainsi : « Sauver de l’oubli les travaux et les exploits des hommes. » Ainsi, les termes ‘historia’ (‘enquête’) et ‘léthé’ (‘oubli’) s’opposent. Pourquoi une telle opposition ?
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Premièrement, les faits vécus ne se reproduiront pas. Le temps, et donc l’histoire, se définit par une irréversibilité qui empêche de vivre, ou de témoigner, à nouveau des mêmes faits. Deuxièmement, les faits passés sont effacés à jamais, remplacés par d’autres