La société de consommation dans laquelle on vit réussit immanquablement à atteindre chaque personne, que ce soit d’une façon ou d’une autre, les moyens de communication n’ayant jamais été aussi nombreux. Il se trouve toujours quelques contestataires, qui eux sont insatisfaits de cette façon de vivre. Parmi eux, il faut accorder une importance particulière à Nicole et André Ferron, personnages du roman L’hiver de force de Réjean Ducharme et éternels critiques de la société dans laquelle ils se trouvent. Cette sorte de mépris les emmène à se refermer sur eux-mêmes, dans « l’hiver de force », pour ne pas « attraper du mal ». Il s’agit donc de comprendre comment ils en arrivent à cet « hiver de force ». Par conséquent, il sera question dans ce texte de la distanciation du couple vis-à-vis de la société qu’ils méprisent, de leur volonté de figer le temps à travers leur rêve de néant et de quelques-unes de leurs dépendances qui font d’eux des êtres tout à fait particuliers.

Distanciation vis-à-vis de la société
Le couple Ferron n’a d’abord vraisemblablement aucun désir de s’intégrer à la société dans laquelle il se trouve. Au lieu de cela, Nicole et André passent leur temps à « [dire] du mal » à propos de tout, que ce soit sur leurs lectures, ce qui passe à la télévision, les gens qui les entourent et bien plus encore. Cette volonté de se distancer de la société est évidente lorsque les Ferron parlent des habitudes des gens. En fait, ils s’éloignent de tout ce qui attire les gens, car ils ne croient pas y avoir leur place. C’est pourquoi ils répètent sans cesse « pas nous! » tout au long du roman, pour prouver qu’eux sont différents et ne se laissent pas avoir.
En plus de se tenir loin des gens, il semble évident que Nicole et André sont irresponsables par rapport au plus gros moteur de la société, l’argent. En effet, ils sont loin d’en faire leur priorité. Tout en étant conscient de son importance, ils se refusent toutefois à s’en procurer par n’importe quel moyen.