L'oeil du maitre
Par ailleurs, certains lui ont reproché à ce stade de ne pas réussir de manière satisfaisante à élaborer une troisième voie qui dépasse ces deux conceptions. Avec L'oeil et l'esprit, Merleau-Ponty prend une certaine distance par rapport à ce combat, non qu'il le délaisse, mais plutôt qu'il devient un point de départ pour l'affirmation plus assurée d'une voie encore plus près de l'expérience, qui n'est pas sans lien avec l'expérience du peintre. Ici, le retour à la vision s'avère nécessaire pour échapper non seulement à une vue abstraite de la perception, mais surtout à la philosophie et à la science modernes qui la soutiennent. Celles-ci seraient en partie tributaires de la pensée de
Descartes, d'où l'importance de la critique de la Dioptrique dans L'oeil et l'esprit L'explication de la Dioptrique serait une construction de la vision plutôt qu'une vision en acte. Pour Descartes, il y aurait la chose même et son rayon réfléchi qui frappe l'oeil, entre les deux termes, on retrouverait une relation de causalité. C'est dire que le corps ne reçoit de la chose qu'une «image spéculaire» et qu'il est du ressort de la pensée de faire le lien de ressemblance avec la chose même. Ce qui est vrai des choses, l'est aussi du corps. Le sujet ne se sent pas quand il touche son corps, il ne voit là qu'une image qui «n'est rien de lui1». Le sujet n'est pas