L'ère pré-industriel
De la fin du Moyen Âge au XVIIIe siècle, la société est largement féodale et presque exclusivement agricole. À l’exception de certaines régions, comme les Flandres, l’agriculture est encore peu productive et marquée par l’archaïsme féodal. La pratique de l’assolement triennal reste la règle et les champs sont exploités de façon collective, l’absence de clôtures permettant le mouvement du bétail d’un terrain à l’autre. L’Europe connait plusieurs phases de croissance démographique et de prospérité économique qui sont toujours entrecoupées par des crises profondes : épidémies, guerres et disettes. La mortalité infantile est élevée, l’alimentation est essentiellement à base de céréales12. L’hygiène reste désastreuse : les carences sont attestées par des déformations et autres marqueurs d’innombrables maladies relevées sur les squelettes de l’époque.
Toutefois, les premières associations capitalistes apparaissent dès la Renaissance en Hollande et dans le nord de l’Italie. Les techniques enregistrent d’importants progrès : navigation, imprimerie, horlogerie et méthodes financières. Les foires qui se développent dans certaines régions d’Europe attestent de l’existence d’échanges se situant dans une économie de marché plus élargie. Ces volumes demeurent cependant modestes dans le total des échanges pratiqués par les populations.
L’usine, au sens moderne, est inexistante. Les manufactures établies par le pouvoir royal, en France notamment, (voir l’exemple de Villeneuvette) restent une activité d’exception. Cependant, certaines formes d’organisations basées sur une sous-traitance à domicile (putting-out system) – comme l’établissage dans l’industrie horlogère – annoncent la révolution industrielle ; les marchands commencent à fournir les paysans en matières premières, parfois en outils, en vue de récupérer ensuite un produit transformé qu’ils revendront en ville . Les paysans en tirent un complément de revenu. Ce mode de vie n’est donc