L avenir d une illusion
Le mot-clé est dans le titre. En parlant d’illusion, Freud ne dit pas que la religion est une erreur. Il qualifie une croyance d’illusion « lorsque, dans sa motivation, l’accomplissement de souhait vient au premier plan« . Pour se faire comprendre, il cite l’histoire de la jeune fille pauvre qui rêve d’épouser un prince : cela ne marche pas souvent, mais ce n’est pas complètement impossible.
Il définit la religion comme ce qui vient aider l’homme dans sa détresse devant la puissance destructrice de la nature, comme ce qui lui permet de gouverner ses passions les plus basses, l’inceste ou le meurtre. Il considère cette croyance comme un état infantile de l’humanité, qui s’est inventé un Dieu-père bienveillant pour s’occuper d’elle. Croyance contre laquelle doit se battre la science pour que l’humanité grandisse.
La forme de l’ouvrage, en elle-même, est intéressante. Freud sait qu’il s’attaque à quelque chose de dangereux, pour lui comme pour la psychanalyse. Il est dans la Vienne catholique, dans la chrétienté d’Occident. Il a beau dire que son livre est inoffensif, il sait que, par son propos, il va tenter de priver l’humanité d’un narcotique, de ce « doux poison » qu’est la religion consolatrice.
Pour mener ce combat difficile, il choisit un dialogue à deux voix. On peut sans doute voir derrière son interlocuteur la figure de Romain Rolland : grand croyant, grand chercheur, Prix Nobel de littérature, il avait tout pour