L explosion du poids de la finance
Lorsqu'une barque se renverse, quelques personnes tombent à l'eau. Mais quand c'est le Titanic, le nombre de victimes explose. La finance (actions, obligations et crédits bancaires) pèse désormais l'équivalent de quatre fois le produit intérieur brut (PIB) mondial. Alors que les mouvements de capitaux étaient encore équivalents aux échanges de biens et de services au début des années 80 pour la plupart des pays, ils représentent aujourd'hui un montant quatre fois plus élevé en Allemagne, cinq fois plus au Japon, dix fois plus en France. La finance a pris un poids démesuré par rapport au fonctionnement des économies et ses dérapages ont des conséquences potentielles bien plus lourdes qu'hier sur la croissance mondiale, l'emploi et le bien-être des populations.
Nous serons peut-être malheureusement en première ligne pour le comprendre dans les semaines qui viennent: l'ampleur, bien plus forte que prévu, des pertes des grandes banques internationales dans la crise des prêts immobiliers subprime aux Etats-Unis fait désormais craindre de leur part un comportement de rationnement du crédit. C'est-à-dire, pour les entreprises et les ménages, une difficulté de plus en plus grande à se financer qui arriverait au plus mauvais moment, alors que les économies américaine et européenne ne sont pas au mieux. Tels des joueurs, non volontaires, d'un casino mondial, il ne nous reste plus qu'à attendre les effets des paris perdus par les acteurs financiers, en espérant qu'ils ne vont pas (trop) nous en faire payer les conséquences.
Londres, 1957
Qui a eu l'idée de construire ce paquebot financier gigantesque? Personne en particulier. Aucun gnome, de Zurich ou d'ailleurs, ne tire les ficelles. La financiarisation croissante de nos économies tient à la fois aux évolutions technologiques, à des décisions publiques, à des initiatives privées, réparties sur une cinquantaine d'années. S'il faut trouver un certificat de naissance symbolique au