L’électeur irrationnel, ou la république de l’économiste-roi
L’auteur part d’un paradoxe bien connu en science économique : le régime démocratique ne permet pas nécessairement de mettre en œuvre des politiques qui bénéficient au plus grand nombre alors même que le plus grand nombre possède le droit de vote. L’économie politique (political economics) a développé l’analyse et la résolution de ce paradoxe de deux manières divergentes.
Selon l’école de Virginie, le système électoral et institutionnel qui définit la démocratie est inefficace, en particulier en raison de l’importance qu’y prennent les groupes de pression. Ceux-ci parviennent mieux à se faire entendre que la majorité silencieuse. L’action collective est d’autant plus efficace dans une démocratie qu’elle est menée par de petits groupes de pression qui investissent suffisamment de temps et de ressources financières pour obtenir la mise en place de la politique qu’ils soutiennent, même si cette dernière est néfaste au plus grand nombre, qui échoue à s’organiser. L’école de Chicago, elle, défend une position symétriquement opposée. Certes, le jeu démocratique donne naissance aux groupes de pression mais c’est pour le mieux. La concurrence de ces groupes sur le marché politique permet, sous certaines conditions, de dissiper la rente acquise par chacun d’entre eux – comme sur le marché des biens, c’est la concurrence réalise la situation optimale.
Les deux courants, aboutissant à des propositions normatives