École des veuves
En se présentant comme un réécrivain c’est-à-dire un écrivain-lecteur et interprète de textes anciens, Cocteau ouvrait la voie à l’idée moderne que l’écriture est toujours une réécriture, voire une métamorphose, faite de mots et d’images, de sons et de gestualité, qui permet aux mythes de constituer « le modèle exemplaire de toute situation créatrice » (Éliade 45). Cocteau ne prétendait pas refaire Sophocle ou Euripide ni dans ce cas-ci Pétrone, il ne prétendait pas les dénaturer en les actualisant; il a au contraire revendiqué son affiliation et noté ses écarts par rapport aux grandes œuvres de jadis. Les mythes anciens nourrissent des écritures nouvelles, mais ces textes ne prétendent pas être une énième version d’histoires millénaires; ils usent consciemment du mythe comme une métaphore qui permet d’impliquer le monde contemporain.
1. Un conte mythique L’École des veuves trouve son origine dans le conte mythique La Matrone d'Éphèse, tel qu’il est raconté par Pétrone au milieu du 1er siècle après J-C, aux chapitres CXI et CXII du Satyricon. Caius Petronius Arbiter, dit Pétrone, était un homme de lettres et un poète latin. D’après André Daviault, Pétrone pourrait être considéré comme le premier romancier européen. D’ailleurs, il affirme dans un article, parut dans les actes d’un colloque international[1] sur « La Matrone d'Éphèse », que Le Satyricon est un récit emblématique de la fable milésienne, types de récits Aristide de Milet au IIe siècle avant J.-C. et dont on sait par divers témoignages qu’ils consistaient en courtes histoires érotiques, racontées sur le mode licencieux et destinées à divertir, qu’on publiait collectivement dans un recueil. Le conte de La Matrone d’Éphèse de Pétrone est généralement considéré comme l’échantillon le plus représentatif de ce genre de littérature (Daviault 17).
Par ailleurs, Philippe Mudry note que « la fortune littéraire de Pétrone, en