Être soi même
Il y a naturellement une apparence d’évidence du moi, disons une compréhension spontanée de l’identité et de ses limites – rien n’est plus immédiat et moins réfléchi que de savoir que l’on est quelqu’un et pas un autre, que nos pensées émanent de nous, que notre corps est le nôtre, indéfectiblement. Cela, c’est la conscience vague mais certaine de notre identité.
Mais la connaissance précise du caractère, l’étendue de la personnalité et de ses pouvoirs ? L’individu est multiple, tantôt paresseux, tantôt courageux, faible, puis fort, sociable un jour, détestable un autre. Comment déterminer le centre de gravité ? Il faut compter en plus avec les rêves et tout ce que nous ne comprenons pas de nous : l’individu est souvent étranger à lui-même.
Enfin, il y a toutes ces influences qui orientent quotidiennement les pensées, les actions et ainsi toute la vie. Des plus menues aux plus violentes nous subissons naturellement leur impact. Un coup de téléphone, la pluie, une rencontre, une dispute, tout cela détermine imperceptiblement mais nécessairement le cours de l’existence.
C’est ce qui faisait dire à Spinoza que l’homme est profondément un être naturel, et pas seulement quelqu’un qui agit sur la nature. Quand on y pense, à chaque instant, à chaque heure, toute cette quantité d’effets de l’environnement sur nous… Mais alors comment être soi-même ?
Nous sommes chacun la résultante et l’interaction de ces vécus déterminants. Mais il ne tient qu’à nous de transformer ces interactions arbitraires, quoiqu’uniques, en tendances fondamentales, de les appuyer et de les développer. Etre soi-même, c’est développer ce que l’on est. Ce pourquoi notre être il nous faut le