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Les limites de l'individualisme méthodologique. A propos des
Effets pervers et ordre social de Raymond Boudon
In: Revue française de sociologie. 1978, 19-3. pp. 442-454.
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Perrenoud Philippe. Les limites de l'individualisme méthodologique. A propos des Effets pervers et ordre social de Raymond
Boudon. In: Revue française de sociologie. 1978, 19-3. pp. 442-454. http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsoc_0035-2969_1978_num_19_3_6919 Les limites de l'individualisme méthodologique
A propos des Effets pervers et ordre social de R. Boudon * par Philippe PERRENOUD
Le livre se compose d'un ensemble de textes déjà publiés ou présentés dans des cadres divers. Chacun peut se lire séparément, et mériterait un compterendu et une discussion spécifiques. On s'en tiendra ici à ce qui fait l'unité indéniable de l'ouvrage, et lui donne son titre. Les effets pervers sont définis comme les « effets individuels ou collectifs qui résultent de la juxtaposition de comportements individuels sans être inclus dans les objectifs recherchés par les acteurs » (p. 10). Appelés aussi effets de composition ou d'agrégation, ils sont familiers aux économistes, sans cesse confrontés à des phénomènes macro-écono miques qui résultent de la composition des actions non liées, non concertées d'un grand nombre d'agents économiques. En sociologie, Boudon diagnostique un dépérissement de ce mode d'explication des phénomènes macrosociaux, au profit de théories qui ne peuvent rendre compte de l'ordre social par la compos ition des actions individuelles pour la bonne raison que ces actions apparaissent étroitement déterminées par l'organisation sociale, qu'elle soit conçue en termes de systèmes de normes et de rôles, ou en termes de domination de classe.
Or pour Boudon, « la sociologie rencontre fréquemment pour sa part des situations où les phénomènes macrosociaux qu'elle étudie sont le résultat de la composition d'actions se